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La communication non violente (CNV), une démarche authentique et bienveillante

Bonjour !

Je vous partage un article publié dans le Cercle Psy sur la communication non violente. On pourrait aussi l’appeler communication empathique ou communication bienveillante.

Cette démarche est bien plus qu’une méthode, c’est un art de vivre. A force de la pratiquer on se rend compte assez vite de ces bienfaits sur soi et sur les autres. D’ailleurs, la CNV prend toute sa dimension quand elle n’est plus une méthode mais qu’elle est intégrée comme une conscience de soi à soi et de soi vers l’autre. Notre intention change.

Notre perception de ce qui se passe évolue et donne d’autres lectures à ce qui se passe. Elle permet véritablement une prise de recul et permet de répondre plutôt que de réagir.

Donc il faut ralentir, clarifier ce qui se passe en nous-même et ressentir

Nos pensées ne cessent d’affluer et bien trop souvent nous polluent. Prendre le temps de ressentir et clarifier ce qui nous anime, ce qui est essentiel pour nous permet d’exprimer nos besoins sans juger l’autre.

La CNV est une démarche que j’utilise beaucoup en accompagnement individuel car au-delà de résoudre les difficultés relationnelles et les conflits, elle permet de travailler également sur soi-même. La CNV nous permet de nous recentrer, de nous aligner sur ce qui est réellement présent dans notre corps et surtout notre coeur.

Bonne lecture et à bientôt,

Clémentine Lego.

Article

La «communication non violente» : une utopie ?

Héloïse Junier – Article modifié le 30/08/2016.

Elle ne cesse de multiplier ses adeptes à travers le monde. Si ses principes fondamentaux d’écoute et d’empathie semblent bien simples, son application sollicite un sérieux investissement !

Article issu du numéro Consultez le sommaire du magazine Les rythmes de l’enfant

Tu es toujours en retard à nos rendez-vous ! Tu n’es qu’un nombriliste ! Si ça continue, je ferai en sorte d’être encore plus en retard que toi ! ». Laure semble excédée par les retards répétés de son compagnon. Rien que dans cette mini-tirade, elle lui a formulé un jugement (« toujours en retard »), une évaluation (« nombriliste »), et a formulé une menace (« je ferai en sorte d’être encore plus en retard que toi… »). Autant d’éléments qui sont susceptibles de fermer le dialogue et de stimuler, chez son interlocuteur, une réaction défensive. Or, si Laure s’était initiée à la Communication non violente (CNV), voici comment elle aurait pu réagir, en 4 étapes-clés : « Tu es arrivé avec 15 minutes de retard, comme quand nous sommes allés voir le dernier Woody Allen [elle observe la situation sans évaluer, ni juger – première étape]. Je suis triste et fâchée [elle exprime ses sentiments – seconde étape]. J’ai besoin de respect, d’attention et je perçois ton retard comme une insulte à mon égard [elle identifie et formule ses besoins – troisième étape]. J’aimerais que tu sois à l’heure à notre prochain rendez-vous [elle formule une demande concrète – quatrième étape] ».

Quand communication rime avec compassion

Bienvenue sur les traces de Gandhi… mais aussi de Carl Rogers, psychologue humaniste nord-américain. « Toute critique, toute agression est l’expression tragique de nos besoins non satisfaits », dixit le psychologue américain Marshall B. Rosenberg, fondateur de la Communication non violente. Selon lui, notre société nous ayant transmis la culture du reproche, nous aurions tendance à incriminer nos semblables lorsque nos propres besoins ne sont pas satisfaits. Les objectifs de la CNV sont de demeurer à l’écoute des besoins de son interlocuteur et exprimer les siens, dans une démarche authentique et bienveillante. Marshall B. Rosenberg part du fait que : 1) Nous avons tous des besoins fondamentaux semblables (besoins physiologiques, relationnels, d’estime, de réalisation de soi…) et 2) Chacun de nous peut faire preuve de compassion à l’égard de ses propres besoins et de ceux de notre interlocuteur. S’initier à la CNV, c’est un peu retrouver le langage que nous parlions lorsque nous étions enfant : le langage du cœur, des émotions et des besoins, avec spontanéité et authenticité. Il s’agit davantage de retrouver cette langue naturelle que de l’apprendre.

Des champs d’application variés

En soi, la communication se trouvant au cœur des rapports humains, les champs d’application de la CNV sont infinis. Celle-ci est particulièrement préconisée pour les professionnels qui œuvrent auprès de publics difficiles, comme les forces de l’ordre, les soignants ou encore les militants pour la paix dans des régions concernées par les conflits. Toutefois, ces outils peuvent tout aussi bien s’avérer précieux dans la sphère familiale, pour les couples par exemple, et dans le cas des parents qui ne parviennent plus à communiquer avec leur enfant. Pour certains, la CNV gagnerait en effet à s’imposer dans l’éducation. L’Association Communication non violente a répondu à un appel à projet du ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, en 2011, sur la prévention du harcèlement à l’école. Ainsi, pendant 30 mois consécutifs, durée de l’expérimentation, les enseignants volontaires de 10 établissements du Loir-et-Cher furent formés à la CNV. L’évaluation souligne une réelle satisfaction du personnel, notamment sur le plan de la gestion de la classe. Toujours dans le milieu éducatif, un projet de médiation par les pairs avec la CNV a reçu, en 2014, le prix du public aux journées de l’Innovation de l’Éducation nationale.

De la théorie à la pratique : gare au virage !

Prudence ! Si les concepts de la CNV paraissent simplistes, le passage de la théorie à la pratique peut être périlleux… Un enseignant qui a bénéficié de la formation dans le cadre de l’expérimentation de 2011 témoigne : « Cette formation, j’en suis très très content. Mais alors quand tu reviens dans ta classe, comment la mettre en œuvre ? Par où commencer ? ». La personne qui s’en tient au niveau intellectuel, sans réelle authenticité, risque d’être contre-productive.
Le rapport le confirme : « Il existe des distorsions parfois très importantes entre intérêt pour la CNV, adhésion aux principes de la CNV, suivi de la formation et mise en œuvre réelle ». Il ne suffit donc pas de picorer quelques pages d’un ouvrage pour vivre la CNV de l’intérieur. Miki Kashtan, formatrice, insiste sur cette difficulté : « Avant que survienne cette intégration, le décalage entre les mots et l’état de conscience risque de passer pour un manque d’authenticité ». Certains reprochent également à la CNV de plonger l’initié dans une position inconfortable : il prend le risque de se dévoiler et d’évoquer son ressenti, et d’inviter son interlocuteur à en faire de même.
Or, « extrapoler vers d’autres environnements fonctionnant à la force du poignet et où les gens sont habitués à protéger leur vulnérabilité comporte des défis spécifiques », souligne Miki Kashtan. Paradoxalement, une application trop hâtive de la communication non violente risque d’engendrer une réaction… violente. •

Comment s’y initier ?
On dénombre à 300 le nombre de formateurs certifiés CNV à travers le monde. La lecture des principaux ouvrages de Marshall B. Rosenberg, dont l’incontournable Les mots sont des fenêtres (ou des murs). Introduction à la Communication NonViolente, permet de s’y initier. En complément, il existe des supports pédagogiques sur le site de l’ANCV, dont des articles, CD et DVD. Le Petit cahier d’exercices de communication NonViolente®. Je m’immerge dans la CNV !, permet, de manière ludique, de se familiariser avec l’approche.
Héloïse Junier

Comment est née la CNV ?
Marshall B. Rosenberg a développé la Communication non violente dans les années 1960, alors que l’Amérique était secouée par des conflits raciaux. Il s’interrogeait sur l’origine de cette violence. À la suite de son doctorat en psychologie, il fit la connaissance de Carl Rogers, célèbre professeur et psychologue humaniste, qui valorisait l’écoute empathique et l’authenticité « pour dépasser la souffrance ». C’est dans cette dynamique que fut développée la CNV. En 1984, son approche rencontra un tel succès qu’il créa un Centre pour la CNV. Des formations ont été dispensées dans une trentaine de pays. Ses concepts font l’objet d’une marque déposée sous le titre de « Non violent Communication », dont un organisme au but non lucratif et basé en Californie détient les droits. Une partie de l’aventure s’achève le 7 février 2015, lorsque Marshall B. Rosenberg s’éteint au Nouveau-Mexique à l’âge de 81 ans.
Héloïse Junier